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Salomon se rendant à la fontaine de Gihon - Tapisserie d'Enghien - Hôtel de ville de Tallinn
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Verdure - Tapisserie d'Enghien - Tallinn
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Détails - Tapisserie d'Enghien - Tallinn
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Verdure - Tapisserie d'Enghien - Tallinn
Précieuse donation d'une gravure du parc d'Enghien d'après Jacques Harrewyn (vers 1700). Dr. Alain Jacobs.
L'appel aux dons de documents relatifs à l'histoire et à la vie culturelle enghiénoises lancé dans notre précédent bulletin à porté ses fruits. Des photographies, des médailles ainsi que des pièces d'archives ont été généreusement offertes au CRAE ces derniers mois. Nous ne manquerons pas de consacrer un encart spécial à cette dynamique qui exprime la confiance retrouvée envers le cercle dans notre prochain numéro. Le CRAE a pour mission la conservation de la mémoire de notre ville et de sa région, tout en étant un lieu de rencontres et d'échanges d'idées pour la sauvegarde du patrimoine commun à tous. Des pourparlers sont en cours avec Monsieur Labbeuw pour trouver une solution à la sauvegarde du musée dans l'enceinte du couvent des capucins. Les points sur lesquels nous ne pouvons transiger sont, d'une part, les conditions de conservation des oeuvres et des objets exposés ou entreposés en réserve, et d'autre part, leur présentation cohérente selon un schéma didactique accessible à tous et dans un cadre conjuguant l'agréable et le beau. Il est certain que l'état dans lequel le couvent est maintenu pose question.
Revenons à un aspect qui nous permet néanmoins de croire en l'avenir d'un musée basé sur les collections du Cercle royal archéologique d'Enghien comme il en existe dans plusieurs autres communes de Wallonie: les dons.
Ill. 1: Anonyme, XVIIIe siècle, inv. CRAE 106.
Parmi les documents offerts cette année, nous souhaitons mentionner l'intéressante gravure à l'eau-forte (156 x 426 mm) que Monsieur Guy Cloeten est venu gracieusement nous apporter le 2 mai dernier. Il s'agit d'une représentation panoramique de l'ancien parc du château d'Enghien vue de la terrasse de celui-ci. Ce que confirme le phylactère qui se déploie dans le partie supérieure de l'estampe. Non exempt de quelques fantaisies par rapport à l'exactitude du lieu, l'image nous présente de gauche à droite, la porte d'entrée du château, puis, à l'arrière-plan, la flèche de l'église paroissiale Saint-Nicolas. Se déploient ensuite le parc, agrémenté de charmilles, de haies, de bosquets, de jeux d'eau, de vases, de pavillons et plus à droite, le grand canal. On reconnaît parmi les constructions qui égaillent le domaine, la «porte» des esclaves avec la statue équestre qui la couronnait et le pavillon de l'étoile qui domine l'ensemble.
L'esplanade du château est séparée du parc par une longue balustrade ornée de vases sur socle à intervalle régulier. Elle est embellie de deux parterres en quart de rond, cantonnés chacun d'ifs taillés en cône, ainsi que d'un bassin quadrifolié au centre duquel se dresse la statue d'Apollon, semble-t-il, assis sur le serpent Python des quatre têtes duquel jaillissent des fontaines.
Ill. 2: Jacques Harrewyn (Amsterdam 1660 – Bruxelles 1727).
L'oeuvre est à rapprocher d'une estampe signée du graveur flamand d'origine hollandaise Jacques Harrewyn (Amsterdam 1660 – Bruxelles 1727).
Elle figure dans le 3ème tome de la célèbre publication Délices des Pays-Bas ou Description géographique et historique des XVII provinces belgiques, parue chez J.F. Bassompierre, à Liège, en 1769.
Contrairement à notre pièce, celle d'Harrewyn est peuplée de personnages.
À gauche, le seigneur d'Enghien, le prince d'Arenberg, accueille avec beaucoup d'égards une dame de qualité, tandis que sur la terrasse du château et dans les allées du parc des promeneurs déambulent isolés ou en couple; des mendiants reçoivent l'aumône et deux capucins discutent dont l'un est assis sur le parapet du bassin; un cavalier abreuve son cheval, un autre conduit le sien vers le bassin dans lequel se penche un personnage. Plus loin, on distingue une chaise à porteur, une troupe de gardes à l'entrée du pont menant aux jardins, et à droite, deux attelages à six chevaux attendent leurs propriétaires. Enfin, des chiens et des chèvres complètent l'animation pittoresque qui devait régner quotidiennement en ce lieu, autour de 1700. Notons enfin que le soleil et les nuages se partagent un ciel traversé d'oiseaux.
La gravure qui fait désormais partie des collections du Cercle est clairement une interprétation anonyme d'époque de la planche d'Harrewyn, laquelle est légèrement plus petite. Qui en est l'auteur? Mystère. Si elle ne présente pas les excises qualités d'un maître aussi confirmé qu'Harrewyn, elle est loin de démériter. Il s'agit en tout état de cause d'une heureuse acquisition pour le Cercle et pour la Ville d'Enghien (1).
(1): Un second exemplaire de notre gravure est conservé au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque royale de Belgique, sous le n° d'inv. SI 1624.
Présentation d'une oeuvre choisie. Dr. Alain Jacobs
Comme mise en bouche de la nouvelle politique muséale du CRAE, nous avons choisi de mettre en lumière l'un de chefs-d'oeuvre de nos collections : la statue de l'archange saint Michel qui porte dorénavant le n° d'inventaire CRAE 1.
Archange Saint Michel, église St Nicolas, Enghien.
Depuis plusieurs décennies, cette belle statue orne l'un des piliers sud de la nef centrale de l'église paroissiale Saint-Nicolas. Haute de 1m08, la statue est sculptée dans une pierre crayeuse, celle-là même qui fut utilisée pour la réalisation des grands édifices gothiques bruxellois. Elle provient de l'ancienne chapelle castrale de Graty.
Saint Michel a perdu ses ailes, le bout de son nez, son bras droit, l'auriculaire de la main gauche. La partie inférieure de la statue présente un manque important qui correspond au corps du dragon que l'archange terrasse. La surface de la pièce présente également diverses lacunes. L'ange justicier est vêtu d'une aube serrée à la taille par un cordon d'où pendent les deux extrémités ornées de glands sur le devant du corps, ainsi que d'une chape agrafée par une fibule trilobée. Il porte également une étole croisée sur le devant du corps. C'est donc sous la forme d'une autorité ecclésiastique et non sous celle du guerrier céleste qu'il est représenté. Identifié par les restes encore visibles de la queue du dragon qui enroule ses anneaux autour de son pied droit, saint Michel tient devant lui son bouclier aux formes sinueuses et orné d'une fleur de lys dans chacun des quatre compartiments qui le décorent. Ainsi que le suggère le mouvement de sa chape, saint Michel levait le bras droit en brandissant l'épée destinée à tuer le dragon. Les traces de polychromie qui subsistent, le noir des cheveux, le pourpre de sa chape ne peut que laisser rêveur devant la beauté colorée originale de la statue.
Le traitement du visage et des cheveux bouclés, la tranquillité intérieure du personnage céleste, ainsi que le mouvement sinueux de son corps indiquent une parenté de style avec les statues sorties des ateliers de maîtres tailleurs brabançons, en particulier bruxellois du milieu du 15e siècle, ateliers qui ont donné quelques uns des joyaux de la statuaire gothique des Pays-Bas dont fait partie notre Saint Michel.